prendre son dimanche - un manifeste

Une amie me demandait récemment, si j'avais à choisir, ce que je voudrais faire le plus de mon temps. Sur le moment, aucune vraie réponse ne m'est venue. Je suis à un étrange carrefour où l'écriture, ce que je croyais être la chose la plus importante pour moi, a perdu un peu de sa saveur en raison de tous les impératifs qui l'accompagnent : recherche de financement, descriptions de projet, soumissions, dates de tombée, recherche d'opportunités…

Cette conversation coïncide avec une certaine remise en question par rapport à l'écriture elle-même, et au fait de la partager. J'ai découvert que je m'ennuie d'écrire sans cette pression d'avancer qui la caractérise désormais pour moi. À bien y réfléchir, une chose continue de m'animer : le fait de lire, de réfléchir et de partager. Si j'écoutais pleinement cette voix intérieure que je tends à faire taire, c'est ce que j'aimerais faire. Prendre du temps pour lire des livres qui m'intéressent, principalement des ouvrages non-fictionnels. Dialoguer avec ces livres, les faire interagir entre eux. Partager ce que j'en tire, les leçons qui éveillent en moi le retour du sens.

Il y a plusieurs années, quand j'ai pris la décision de retourner aux Îles-de-la-Madeleine pour une période indéterminée, mon objectif était simple : écrire, le plus possible, le plus souvent possible, et laisser le reste se placer en conséquence. Je m'ennuie de cette audace, de cette confiance que j'avais non seulement en moi, en mes capacités, mais en la vie.

J'essaie depuis des mois de m'aménager un espace, un cadre bienveillant où je pourrais à nouveau écrire librement. Prendre son dimanche est peut-être cet espace que je cherche. Mes intentions pour ce nouvel espace sont de favoriser le partage de mes lectures et des savoirs que j'acquiers, d'aménager, si on veut, une sorte de bibliothèque publique de textes (et œuvres d'autres médiums, comme le cinéma ou la photographie) qui m'inspirent et me permettre de mieux comprendre qui nous sommes, et d'insuffler au quotidien sa dose de poésie nécessaire.

Car c'est ce qui oriente généralement mes choix : la poésie, bien plus qu'une forme d'écriture, est une manière d'apprécier le monde, un « combustible » qui nous permet de rendre la vie habitable[1]. J'ai autrefois travaillé ardemment à partager cette poésie, à la rendre tangible auprès de celleux qui me lisent et qui m'entourent. Je veux retrouver cette approche, un dimanche à la fois.

En ce sens, prendre son dimanche s'avère une sorte de suite non-officielle à saluer la mer, un projet de blogue réalisé il y a des années. C'est la même approche bienveillante et lente qui la gouverne, avec en plus cette idée non seulement de trouver du temps pour apprécier les petites choses, mais celle de découper des morceaux de temps pour le faire. Prendre son dimanche, en ce sens, c'est une sorte de phrase-guide qui me rappelle de profiter des petits moments pour les nourrir de poésie, de vie.

principes gouverneurs

les influences

Prendre son dimanche existe en réponse à une multitude d'autres expériences qui m'inspirent, la première étant celle de Maria Popova intitulée The Marginalian. Popova rédige des articles tous les jours sur les lectures qu'elle fait et les leçons qu'elle en tire, et fait dialoguer textes anciens et textes contemporains sur différents sujets. L'approche du jardin de pensée, telle que présentée par Maggie Appleton, Anne-Laure Le Cunff et Nick Groenen, inspire ma vision d'une écriture qui n'est pas définitive, mais en constante évolution.

Les auteures Eleanor Konik et Nicole van der Hoeven sont celles qui m'ont initié au principe d'apprendre en public, et dont le travail m'a permis de visualiser une autre manière de partager le savoir.

Enfin, j'emprunte à la philosophe Joëlle Tremblay cette idée de l'emploi du dimanche comme jour de partage de savoir et de réflexion, comme son initiative Nos beaux dimanches, où elle partage ses découvertes et lectures de la semaine sur sa page Facebook personnelle.

la bibliothèque

Chaque projet, chaque effort créatif est pour moi nourri par une bibliothèque, non loin de ce que les libraires appellent leur fonds littéraire[2]. Prendre son dimanche a en son coeur une petite liste d'ouvrages auxquels je reviens souvent.

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  1. D'après l'expression de Véronique Côté dans le livre du même nom. ↩︎

  2. C'est par la magnifique coopérative Flotille artisan.e.s libraires que j'ai entendu cette expression pour la première fois. ↩︎